Éclaircir l'horizon du futur || Ft: Feuille d'Aster

Éclaircir l'horizon du futur

Ft: Feuille d'Aster

Du bout de son large museau balafré, Soir d'Orage repoussa la boule de mousse imbibée d'eau jusqu'aux pattes de la reine. Il inclina poliment la tête à son remerciement, avant de quitter la pouponnière. Passer un peu de temps auprès des petites créatures pataudes lui avait permis de faire le vide, pourtant, la mission qu'on venait de lui confier chassait doucement cette sensation d'apaisement. Sa queue s'agitait nerveusement pendant qu'il avisait le mur de fougères qui jouxtait le promontoire. Pas du genre à tergiverser plus que ça, il se dirigea vers la grotte de son habituel pas lourd.

Au premier abord, il paraissait à la fois tranquille, et à la fois renfrogné, c'était sa marque de fabrique. Mais pour ceux qui le connaissaient de plus longue date, les incessants mouvements infimes de ses oreilles trahissaient la légère appréhension qui s'insinuait dans ses veines à mesure qu'il approchait l'antre du guérisseur. Du bout du nez, il se fraya un passage à travers le rideau végétal. Une fois à moitié apparu dans la grotte, il papillonna un instant des yeux, peu à l'aise avec le décalage de luminosité. « Es-tu occupé ? » questionna-t-il sur un ton qu'il voulait mesuré, ne sachant pas si des malades se reposaient dans un coin.

Une fois que ses pupilles se furent adaptées à son nouvel environnement, il détailla rapidement la grotte, avant de poser les yeux sur Feuille d'Aster. Le vétéran inspira doucement. Il lui était à la fois étrange, et à la fois parfaitement naturel de voir le félin roux. Soir d'Orage inspira silencieusement. Combien de temps s'est écoulé, depuis nos derniers mots, Feuille d'Aster ..? Cela semblait à une vie d'apprenti. Bien sûr, les deux mâles s'étaient adressés la parole, depuis le retour du guérisseur, mais c'est parce que les circonstances l'avaient voulu, et sous couvert de la présence d'autres félins. En lieux moins privés.

Si le tigré ne se rappelait plus vraiment de leur dernière vraie conversation, il pouvait imaginer sans mal le thème global et le ton de celle-ci. Il faut dire que les deux frères de l'Ombre avaient partagé bien des choses. Ensemble, et à distance en même temps. Ils ne se ressemblaient en rien, et n'avaient jamais noué de lien franchement défini, à dire vrai. Pourtant, leurs destins étaient plus liés qu'il n'y paraissait. Peut être davantage liés qu'eux mêmes ne pouvaient le penser. Quoi qu'il en soi, le gouffre qui les séparaient aujourd'hui avait plusieurs noms. L'un d'entre eux n'était autre qu'Aile Cynique...

Feuille d'Aster avait repris au mieux ses activités depuis qu'il était revenu du Clan du Ciel il y avait désormais bien des lunes auparavant. Il ne s'était pas vraiment expliqué avec qui que ce soit à ce propos, à part avec son ancienne apprentie Plume d'Alouette, et ses deux meilleurs amis Douces Oreilles et Cœur de Braise. Il en avait cependant plus parlé sur le ton de la confidence, des regrets, de comment il se sentait à ce moment... Mais jamais il ne s'était expliqué, jamais il n'avait donné ses raisons au reste du clan. Tout le monde avait fait comme si il ne s'était rien passé, sûrement dans une sorte de gêne dû à la fierté qui s'emparait des membres du Clan de l'Ombre.

Ce matin là, Plume d'Alouette était partie accompagner quelques amis à la chasse pendant qu'elle cueillerait de quoi faire des réserves de plantes médicinales. Feuille d'Aster avait donc accompli les taches quotidiennes seul. Il avait donné quelques remèdes quotidien pour les chats qui avaient réussi à attraper un coup de froid en pleine saison des feuilles vertes, et il était allé donné à certains anciens des fleurs de Séneçon Jacobée aux anciens pour soulager leurs douleurs articulaires. Presque immédiatement après qu'il soit revenu de chez ses ainés, une voix l'avait interrompu dans son rangement.

"Es-tu occupé ?"

Il s'agissait de celle du nouveau lieutenant du Clan de l'Ombre, et surtout de l'ancien mentor d'Aile Cynique... Feuille d'Aster et lui n'était pas extrêmement proche mais avait lié une certaine relation de respect et malgré des opinions très divergentes le guérisseur lui avait toujours trouvé quelque chose d'inspirant.
Cependant depuis le début du Mal Rouge qui avait débuté avec la mort d'Aile Cynique, le frère de Feuille d'Aster, les deux chats avaient assez peu eu le temps d'échanger si ce n'était pour autre chose que des discussions professionnelles. De plus, son amitié avec Etoile Sombre qui avait pris le pouvoir par la force avait un peu effacé le lien entre les deux mâles. Le chantage effectué par la chatte écaille-de-tortue sur Douces Oreilles avait rendu le guérisseur quelque peu hostile à la nouvelle meneuse.
Le mâle tigré lui avait cependant posé une question et l'air interrogatif sur son museau sortit le guérisseur de ses pensées :

"Hein de quoi? Ah euh... Non non ne t'en fais pas Soir d'Orage... Qu'est-ce que... Qu'est-ce qui t'amène par ici ? Ca fait... Longtemps...."

La dernière phrase était presque sortit toute seule, il n'avait pas pu s'empêcher de faire cette remarque qui pouvait avoir l'air amer alors qu'elle était simplement teintée d'une certaine tristesse, d'une nostalgie des temps passés.

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Un court instant s'écoula, cours instant de silence dans l'antre du guérisseur, temps pendant lequel les deux chats s'avisèrent. Le rouquin avait l'air surpris de le voir ici. Pourtant, les deux s'étaient croisés plusieurs fois depuis son retour. Sans être un fin psychologue, le vétéran décela un certain malaise, confirmé par le ton de voix emprunté par Feuille d'Aster. Les moustaches du tigré frémirent aux derniers mots du félin, mais il choisit pour l'heure de les ignorer. Après tout, il n'était pas venu pour une simple visite de courtoisie. Puisqu'il ne dérangeait visiblement pas le guérisseur, ou tout du moins qu'il ne le soutirait à aucune tâche, Soir d'Orage s'avança davantage dans la grotte, et prit le temps de s'assoir, enroulant sa queue touffue autour de ses larges pattes. « La dernière portée de chaton préoccupe leur mère. » déclara-t-il, une fois bien installé.

Bon, en même temps, toutes les reines étaient plus ou moins inquiète quant à leur progéniture. C'est l'instinct maternel qui voulait ça. « J'en viens juste, j'apportais une boule de mousse imbibée d'eau. La reine trouve que le dernier né à tendance à tousser. » précisa-t-il. Puis, se rendant compte de l'importance que pouvait avoir ce symptôme aux oreilles de Feuille d'Aster, d'autant plus au vu des lunes qui venaient de s'écouler, il radoucit ses propos. « Elle m'a demandé de venir t'en parler, mais tu sais, ça fait quelques jours que je leur rends visite, et je n'ai rien remarqué de particulier... M'enfin je suis pas guérisseur. » C'est clair que son avis importait peu. Il n'y avait pas de modestie ou de dévalorisation là dedans, simplement, Soir d'Orage savait bien que chacun avait son rôle et ses qualifications. Et, comme le code du guerrier l'inculquait, il respectait bien trop les félins ayant accédé à la voie des soins pour se permettre d'appuyer son avis sur une telle question.

Il pensait en réalité que la reine avait simplement besoin d'entendre un "il n'y a rien d'alarmant" du museau de Feuille d'Aster, mais enfin, il ne pouvait être sûr de rien, et le rouquin saurait mieux gérer la situation. Dans l'attente d'une réponse de la part de son frère de l'Ombre, Soir promena son regard ambré sur les parois de la petite grotte. Depuis son retour, Feuille d'Aster avait il eu le temps de reprendre ses marques ? Plume d'Alouette devait l'y aider, très certainement. C'était bien, qu'il puisse compter sur un autre félin. Au vu des épreuves qu'il venait de traverser, il avait besoin de stabilité. Le clan entier en avait besoin, et Étoile Sombre y était certainement sensible. Du moins, Soir d'Orage l'espérait sincèrement. Des doutes et des regards emplis de sous-entendus pointaient encore vers la meneuse, lorsqu'elle prenait la parole. Il fallait que cela cesse. Et cela cesserait. Après tout... Chaque changement amène son lot de contrariétés et d'oppositions, non..?

Le lieutenant tigré entra plus profondément dans la tanière. Il s'avança vers le guérisseur et prit la parole pour expliquer sa présence ici :

"La dernière portée de chaton préoccupe leur mère. J'en viens juste, j'apportais une boule de mousse imbibée d'eau. La reine trouve que le dernier né à tendance à tousser."

Tousser? Avait-il bien dit tousser? Ce genre de symptôme ressemblait au Mal Rouge, qu'en était-il si le petit l'avait attrapé d'une manière ou d'une autre à cause d'une boule de mousse ou quoi que ce soit sur lequel se trouvait encore la maladie? Il fallait qu'il aille voir, cela ne pouvait pas recommencer!... La panique commençait à agiter Feuille d'Aster qui tentait de paraître calme en face de Soir d'Orage. Ce dernier tenta cependant de le rassurer, réalisant sûrement l'impact que ses paroles avaient pu avoir sur le guérisseur.

"Elle m'a demandé de venir t'en parler, mais tu sais, ça fait quelques jours que je leur rends visite, et je n'ai rien remarqué de particulier... M'enfin je suis pas guérisseur. "

Ces quelques mots apaisa un peu Feuille d'Aster mais un boule d'angoisse continuait de torturer son ventre. Il s'approcha de petites cavités dans la roche dans lesquelles se trouvaient des plantes et s'empressa de prendre quelques graines de pavot et les avaler. Puis il se tourna vers Soir d'Orage :

"Je devrais aller voir au plus vite tu sais... On ne sait jamais, on n'est jamais trop prudents ! Il est plus sûr d'aller vérifier si tout va bien, voir de ramener le chaton ici..."

Attendant que les graines fassent effet pour l'apaiser, Feuille d'Aster s'agitait un peu en tous sens, ne sachant vraiment pas quoi faire. Son esprit rationnel lui murmurait que tout irait bien, que ce n'était pas possible que le Mal Rouge ait survécu. Ca ne pouvait pas être possible...

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En exposant le motif de sa présence à Feuille d'Aster, le matou avait anticipé l'effet que ces mots avaient pu avoir. Pourtant, il n'avait pas réussi à formuler cela correctement. Le mot "tousser" avait eu l'effet d'une pluie froide sur le félin roux. Les oreilles du lieutenant s'aplatirent légèrement en observant son interlocuteur s'agiter un peu nerveusement devant ses réserves. Il supposa même que le guérisseur avait pris quelque chose pour se calmer.

"Je devrais aller voir au plus vite tu sais... On ne sait jamais, on n'est jamais trop prudents ! Il est plus sûr d'aller vérifier si tout va bien, voir de ramener le chaton ici..." Avait-il miaulé prestement.

La gêne passagère qui avait traversé Soir d'Orage en venant jusqu'ici se changea en malaise. Pour ainsi dire, à voir Feuille d'Aster trépigner de la sorte, il se serait presque senti coupable. Le vétéran soupira. « Est-ce que tu me permets de t'accompagner ? » demanda-t-il sur un ton qu'il voulait poli. Du bout de la queue, il écarta le rideau de fougères, attendant la réponse du matou haut sur pattes. Après tout, il était venu pour le chaton. Mais... Maintenant qu'il était là, et au vu de l'attitude de son frère de l'Ombre, le tigré ne se sentait vraiment pas de s'éclipser.

Il présentait que le guérisseur ne trouverait pas la paix avant d'avoir mis les pattes dans la pouponnière, et les yeux sur le soi-disant malade. Ses yeux ambrés se plissèrent en détaillant Feuille d'Aster avec plus d'attention. Il réalisa que les lunes écoulées avaient été véritablement pénibles pour le rouquin. Plus qu'il n'avait pu se l'imaginer. Si Soir d'Orage se souciait du bien-être des félins du clan bien avant sa nomination, il lui incombait à présent d'y accorder une attention beaucoup plus rigoureuse. Après tout, Feuille d'Aster et lui se connaissaient depuis un âge. Et quelque chose semblait signifier au vétéran qu'ils devaient partager davantage qu'une simple cordialité. Que doit penser Aile Cynique, de là haut ? Le souvenir de son apprenti entailla quelque chose, là, sous ses côtes. Pour le disparu, et pour lui même, le lieutenant se promis d'entretenir une discussion sérieuse avec le guérisseur, une fois cette histoire de toux réglée.

Le lieutenant poussa un soupir, et miaula à l'intention de Feuille d'Aster qui se trouvait entièrement absorbé par de sombres pensées :

"Est-ce que tu me permets de t'accompagner ?"

Un hochement de tête pour signifier au matou que ça ne le dérangeait pas et il se dirigea vers la sortie de son antre. Soir d'Orage avait d'avance entrouvert de sa queue les fougères qui obstruaient en temps normal l'entrée de la tanière. Les deux félins se dirigèrent alors au pas de course pour atteindre la pouponnière. Il émit un ronron lorsqu'il passa devant Douces Oreilles qui se prélassait au soleil en compagnie d'une autre reine. Voir son amie lui remonta quelque peu le moral et lui donna du courage.
En entrant dans la pouponnière la douce odeur du lait maternelle commença aussi à l'apaiser. Il n'y avait pas là l'odeur de la maladie ce qui semblait être un bon début mais... Peut-être simplement que le chaton étant petit il dégageait moins d'odeur? Il s'approcha doucement de la chatte dont il était question et elle lui désigna un de ses petits.

"Il tousse parfois et cela m'inquiète... Feuille d'Aster penses-tu que..."

Elle laissa sa phrase en suspens, mais Feuille d'Aster savait de quoi elle avait peur. Il avait la même crainte. Il renifla quelque peu le chaton, tenta de voir un peu comment il se comportait. Il ne semblait pas apathique, voire même assez énergique en fin de compte. Il resta de longues minutes à discuter un peu avec la reine et Soir d'Orage de banalités juste pour voir si le petit finirait par tousser.. Rien. La crainte du Mal Rouge commençait à se dissiper. Il regarda ensuite dans le pelage du jeune chat pour voir si il y décelait les plaques rouges si caractéristique de ce mal. Rien.
Il se dandina quelque peu et miaula, presque incertain de ce qu'il disait :

"Je crois qu'il n'y a pas de problème. Peut-être est-ce lorsqu'il y a de la poussière et du vent qu'il toussote, peut-être aussi simplement qu'il avale un peu de travers sa salive ? Je ne sens aucune odeur de la maladie et il ne semble rien se passer depuis tout à l'heure..."

La reine acquiesça et sembla se détendre, comme si Feuille d'Aster avait une parole sacrée. En un sens c'était vrai mais depuis le Mal Rouge il se sentait si mal à l'aise de prendre ce genre de décision, de poser des diagnostics alors que pendant si longtemps, avant le remède, il n'avait dit que des sottises, établis de faux diagnostics, puis il n'avait rien pu donner à ses camarades alors que chacun d'eux s'éteignaient dans la souffrance autour de lui...

En sortant hors de la pouponnière, il prit une grande inspiration, Soir d'Orage le suivant.

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Alors que le duo insolite du jour se dirigeait vers la tanière des reines et des chatons, Feuille d'Aster émit un ronronnement. Intrigué, le vétéran obliqua du chef pour apercevoir le pourquoi de son contentement, et posa les yeux sur Douces Oreilles. Presque immédiatement, il se senti à l'étroit dans sa fourrure. Pourtant, le tigré n'en fit rien paraître, restant droit comme un tronc. Une fois la pouponnière atteinte, la reine en panique sembla immédiatement se calmer. Ses yeux luisaient d'un intérêt à toute épreuve, à la moindre parole prononcée par le guérisseur. Pendant qu'ils bavassaient, le lieutenant s'amusa à faire courir le jeune chaton après sa queue touffue. Ou le chaton s'amusa à poursuivre la grosse touffe de poils bruns qui courrait au devant de lui.

Après quelques passes de jeu, le félin roux s'avança vers la minuscule boule de poils duveteuse, qu'il inspecta avec attention. Soir d'Orage l'observa, attendant son verdict, sans éprouver plus d'appréhension que ça. "Je crois qu'il n'y a pas de problème. Peut-être est-ce lorsqu'il y a de la poussière et du vent qu'il toussote, peut-être aussi simplement qu'il avale un peu de travers sa salive ? Je ne sens aucune odeur de la maladie et il ne semble rien se passer depuis tout à l'heure..." finit-il par miauler. Les épaules de la jeune reine s'affaissèrent immédiatement, et le guerrier aurait presque juré déceler une larme de reconnaissance dans son regard clair. En d'autres temps, il aurait probablement levé un regard orageux au ciel, mais à présent, il trouvait cela presque touchant, l'amour infini d'une maman pour sa progéniture.

Quittant son partenaire de jeu, Soir d'Orage ne manqua pas de lâcher un « Tu vois ! Ce p'tit morceau à toutes ces chances pour devenir le meilleur guerrier de tout Cerfblanc ! Faudrait que je me méfie, d'ici quelques temps, il pourra bien m'arracher les moustaches si je lui pique son diner ! » à l'attention de la reine, qui couva son fils d'un regard lourd de fierté. Attendant d'être de nouveau à l'air libre, et à distance convenable de tout autre félin, il s'adressa à Feuille d'Aster : « La voilà maintenant rassurée... Et toi aussi, de fait. » Son regard d'ambre luisait d'un éclat qui aurait pu être assimilé à de la taquinerie. Mais le lieutenant savait que son camarade de clan en avait bavé, ces derniers temps.

Il observa le grand matou en silence, jusqu'à ce qu'ils aient regagné l'antre familier du guérisseur. Il essayait de choisir ses mots, sachant bien qu'il n'était de toute façon pas doué d'éloquence, ni même de tact. « Je sais que t'en as bavé, ces dernières lunes, Feuille d'Aster. On le sait tous. Mais maintenant, tout cela est derrière nous, tu ne penses pas ? » c'était également une manière de s'enquérir de sa connaissance sur la situation. Aster était un félin de confiance. Et d'un côté, à le voir ainsi, on aurait presque pu penser qu'il en savait plus qu'il ne voulait bien le dire. Son esprit était-il simplement embrumé des restes des lourds soucis passés ? Ou était-il sans cesse sollicité pour interpréter des signes encore bien mystérieux...?

"La voilà maintenant rassurée... Et toi aussi, de fait."

Feuille d'Aster se retourna vers Soir d'Orage qui venait de parler et se trouver encore juste devant l'entrée de la pouponnière. Il avait raison, cette visite l'avait vraiment rassuré et il pouvait ainsi retourner à ses occupations tranquillement. C'est ce qu'il fit d'ailleurs, il se dirigea vers son antre pour continuer ce qu'il faisait juste auparavant. Sentant la présence du nouveau lieutenant derrière lui il se demanda alors si la visite de ce dernier n'avait pas un sens latent. Avait-il réellement juste voulu l'informer et il le suivait désormais pour continuer d'en parler ou avait-ce était un "prétexte" pour relancer la discussion?
Entrant dans la tanières chaude de Feuille d'Aster, ce dernier reprit ses activités, restant cependant ouvert à la discussion. Et c'est d'ailleurs ce qui fit Soir d'Orage, il relança la conversation sur un ton assez bienveillant pour que le guérisseur sente la compassion de son interlocuteur :

"Je sais que t'en as bavé, ces dernières lunes, Feuille d'Aster. On le sait tous. Mais maintenant, tout cela est derrière nous, tu ne penses pas ?"

Oui il n'avait pas tort en soit mais... les cauchemars, la peur que cela reprenne, la culpabilité d'avoir abandonner son clan... Il ne savait pas comment exprimer tout ça sachant qu'il se sentait en grande partie responsable pour ces malheurs. Responsable de ne pas avoir sauvé ses camarades dont Aile Cynique son frère mais aussi ancien apprenti de Soir d'Orage. Responsable d'avoir quitté le Clan de l'Ombre alors qu'il avait plus besoin de lui que jamais auparavant. Responsable de ne pas avoir directement donné le remède aux chats n'ayant pas adhérer aux idéologies de Marcheur. Il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il n'avait fait que de prendre de mauvaises décisions pendant les multiples lunes qui précédées.
Assez instinctivement, Feuille d'Aster fit part de ses pensées au lieutenant tigré face à lui. Comme si il pouvait être le seul à comprendre... Comme un mentor peut réconforter son ancien apprenti... Son mentor à lui, Chant des Grenouilles, était décédé voilà bien des lunes et c'était désormais sur Feuille d'Aster que comptaient les chats du clan. Lui n'avait pas de vétéran auquel se raccrocher sauf peut-être... Peut-être Soir d'Orage?

"Oui c'est peut-être bien fini Soir d'Orage... Et encore j'ai quelques doutes, la peur me tenaille et je ne sais pas comment surmonter cela... Ô Soir d'Orage, je m'en veux terriblement... Je n'ai pas été à la hauteur, tant de camarades sont morts et en plus de ça je vous ai quitté pour rejoindre Marcheur et son idéologie utopique de paix entre chaque chat... La réalité c'est que finalement chacun faisait un peu chaque chose pour sa pomme. Il n'y avait plus vraiment de cohésion et comme on voulait contenter tout le monde mais que c'était impossible des disputes éclatées sans cesse. C'était tellement anxiogène..."

Feuille d'Aster baissa la tête et repris à nouveau la parole, comme si le flot de ses pensées ne voulait pas se tarir.

"Tu sais je m'en veux de ne pas avoir donné plus tôt ce fichu remède. Marcheur nous promettait que si des chats en avaient besoin alors ils viendraient nous voir mais... Ce n'était pas vrai. Marcheur nous faisait juste chanter pour atteindre son but. Quand il m'a chassé de manière subtile du Clan du Ciel je me sentais comme perdu. Je ne savais pas si je devais rentrer, si je pouvais rentrer... C'est un miracle qu'Etoile Sombre ait accepté que je revienne après cette... trahison !... J'ai erré plusieurs jours, ne sachant que faire, accablé par les mauvais rêves, la boule au ventre. Et aujourd'hui les cauchemars sont toujours là, bien que moins présents et l'anxiété, le stress me laisse sans arrêt sur le qui-vive c'est... épuisant."

Feuille d'Aster s'assit enfin, laissant sa queue s'effondrer au sol et ses oreilles s'abaisser.

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Calfeutré dans un coin de la tanière rocheuse, le matou brun détaillait son camarade. Sa haute silhouette se détachait des parois sombres, et allait et venait d'un point de stockage de plante à un autre. Un scène hautement familière, et pourtant quelque peu insolite. L'antre était resté vide pendant un temps bien trop long, bien que Plume d'Alouette soit présente. Le rouquin élancé avait rapidement repris ses habitudes, ici, mais pourtant, il était clair qu'un poids invisible pesait sur ses épaules saillantes. Qui sait ce qu'il avait réellement vécu, là bas, aux côtés de ce Marcheur ? Qui pouvait deviner les mots qu'il adressait au clan des Étoiles, quand le soir venait et que le camp s'endormait ? Impassible, il sonda le regard clair du guérisseur alors que ce dernier acceptait visiblement de confier une part de ses maux.

Le doute et l'incertitude qui ondulaient sa voix imprimèrent un mouvement de recul à Soir d'Orage. Feuille d'Aster lui avait toujours paru comme un roc solide, auquel les félins du clan pouvaient se raccrocher sans aucune hésitation. Le lieutenant baissa un instant le regard sur ses grosses pattes tigrées. Son frère de l'Ombre se sentait coupable. Et sur le fait d'avoir osé quitté le clan, le vétéran se refusait de le réconforter. Jamais il n'aurait dû. Mais pourtant, il était assez sage à présent pour savoir que le guérisseur n'avait tout bonnement pas eu le choix. Son large museau s'était entrouvert, mais le félin roux poursuivit sans lui laisser le temps de répondre. Il l'écouta épancher son mal être sans forcément réagir ou même se départir de son air presque inquisiteur. Le guérisseur acheva son discours brusquement, et ne chercha plus à camoufler son épuisement.

Les oreilles du tigré s'affaissèrent un instant, un peu décontenancé de voir son camarade ainsi abattu. La queue inerte et la tête basse, Feuille d'Aster faisait franchement peine à voir. Pourtant, il était assez fort pour se montrer sous son meilleur jour aux yeux du clan. Il avait donc encore de la force. Soir d'Orage se redressa pour s'approcher de son cadet, suffisamment pour le pousser légèrement du bout de la queue, afin de lui faire redresser la tête. Il essaya de ne pas s'agacer en plongeant les yeux dans l'abysse soudainement tourmentée et presque éteinte du regard du guérisseur. Il haussa un sourcil avant de lâcher : « Avais tu vraiment le choix, en partant là-bas ? » Soir d'Orage laissa infuser ses mots dans l'esprit de son ami avant de dépeindre le portrait du camp d'il y a quelques lunes. « Nous étions tous en train de mourir. Du Mal Rouge, ou de la douleur de perdre nos proches. Le devoir d'un guérisseur de ton rang ne pouvait être autre que de suivre cette voix afin d'espérer sauver ton clan. »

Bien qu'il ne puisse s'identifier au mystérieux chat roux, le matou était presque sûr qu'il aurait tout tenté pour essayer de sauver les siens, quand bien même cela signifier quitter le clan. Si Matin Pâle avait pu rester de ce monde, alors oui, il aurait enfreint des règles. Détournant le regard, des mots réussirent à filtrer entre ses mâchoires serrées. « Ce Marcheur était un poison pire encore que la maladie. » Ses iris ambrés s'allumèrent d'éclairs alors qu'il songeait aux mots prononcés par Feuille d'Aster. Il tapa le sol de la grotte d'une patte forte. « Évidemment que ton devoir était de revenir dans les rangs de l'Ombre !! Tu es notre frère, et notre guide. Nous comptons tous sur toi ! Les jeunes félins, les anciens, cette reine que tu as rassuré, moi, Étoile Sombre, tous ! » Peut être même davantage que lors de l'épidémie. Songea-t-il en éprouvant une énième fois cet insinueux mauvais présentiment. S'assurant que son ami de l'Ombre avait bien écouté ses répliques proche du sermont, mais qui résonnaient comme une tentative de réconfort de la part d'un chat du genre de Soir d'Orage, il se recula quelque peu.

« Tu es fort, Feuille d'Aster. Tu le montres rien que part ton retour ici. Au fil des jours et des missions, tu reprendras confiance, et tes craintes s'apaiseront. N'hésites pas à me faire savoir si le moindre écervelé oses te faire des remontrances sur les lunes qui viennent de s'écouler. » Sur des imbéciles du genre passeraient un sale quart d'heure. Les félins de l'Ombre avaient la rancoeur tenace et l'hostilité facile... Pas question de blesser le rouquin, qui avait bien assez de s'apitoyer soi même. Après tout... Il partageait de sang d'Aile Cynique... Que serait le vétéran, s'il ne veillait pas sur le frère de son ancien apprenti avec la même véhémence que s'il avait été son mentor...? Espérant ne pas avoir été trop loin dans ses mots ou dans son attitude, Soir d'Orage hésita en avisant le guérisseur. « Tu sais. Aile Cynique serait très fier du courage dont tu as fait preuve en revenant ici. »

Le félin tigré en face de Feuille d'Aster s'approcha et du bout de la queue lui fit relever la tête. Il était clair que Soir d'Orage avait entendu son appel à l'aide, sa crise existentielle, il allait tenter de l'aider. Cela ne se ferait peut-être pas de manière douce car ce n'était pas le genre du lieutenant mais Feuille d'Aster était soulagé d'avoir pu parler avec une telle franchise à quelqu'un et enfin se confier.

"Avais tu vraiment le choix, en partant là-bas ?"

Un léger silence. Oui avait-il eu le choix? Oui à vrai dire, on avait toujours le choix.
Mais Soir d'Orage repris, précisant ainsi le fond de sa pensée.

"Nous étions tous en train de mourir. Du Mal Rouge, ou de la douleur de perdre nos proches. Le devoir d'un guérisseur de ton rang ne pouvait être autre que de suivre cette voix afin d'espérer sauver ton clan. Ce Marcheur était un poison pire encore que la maladie."

Il n'avait pas tort, Marcheur leur avait promis le remède au Mal Rouge et finalement à leur déchéance. C'était tout ce que souhaitait les clans et encore plus les guérisseurs. Il ne pouvait pas louper cette occasion alors... Soir d'Orage avait raison et cela fit sourire la mâle couleur faon.

"Évidemment que ton devoir était de revenir dans les rangs de l'Ombre !! Tu es notre frère, et notre guide. Nous comptons tous sur toi ! Les jeunes félins, les anciens, cette reine que tu as rassuré, moi, Étoile Sombre, tous !"

Cette autre phrase le rassura encore plus. Il avait bel et bien toujours sa place parmi eux. Malgré qu'il était parti, qu'il avait "trahi" en un sens la confiance de son clan, malgré cela le Clan de l'Ombre l'acceptait et surtout avait besoin de lui. Surtout Plume d'Alouette, bien qu'elle avait eu son titre de guérisseuse il était important d'avoir son ancien mentor sur qui s'appuyer et ça il ne le savait que trop bien finalement.

" Tu es fort, Feuille d'Aster. Tu le montres rien que part ton retour ici. Au fil des jours et des missions, tu reprendras confiance, et tes craintes s'apaiseront. N'hésites pas à me faire savoir si le moindre écervelé oses te faire des remontrances sur les lunes qui viennent de s'écouler."

Cette "promesse de protection" fit chaud au coeur au guérisseur. Il avait quelqu'un qui accepté sa présence et la revendiquait comme légitime. Les mots du matou tigré lui firent chaud au coeur. Il devait avoir confiance en lui. Il ne pouvait pas toujours se cacher ou avoir peur que chaque chat ne lui en veuillent. Il était légitime d'être ici, d'exister. Il avait sa place dans le clan.

"Tu sais. Aile Cynique serait très fier du courage dont tu as fait preuve en revenant ici."

Le ton était hésitant et les mots résonnèrent un long moment dans la tête de Feuille d'Aster. Mais il avait sans doute raison. Aile Cynique et lui avait un caractère plus qu'opposé mais son frère savait reconnaitre le courage, les efforts que les chats faisaient autour de lui. Et puis l'un et l'autre s'aimaient tant et étaient tous deux si fiers l'un de l'autre.
Le matou roux acquiesça et émit un ronron de bonheur. Soir d'Orage avait eu les bons mots tout de suite et avait directement compris la détresse de Feuille d'Aster, il ne pouvait que lui en être reconnaissant.

"Merci beaucoup Soir d'Orage.. Tout cela me touche énormément et tu as raison sur plusieurs points..."

Il fit une pause avant de reprendre.

"J'espère que tu me pardonnes pour Aile Cynique. J'ai tout fait pour le sauver."

Parler de son frère lui avait fait penser qu'il n'avait pas été le seul impacté par sa mort. L'ancien apprenti et l'ancien mentor étaient très proches et la mort du jeune avait dû dévaster Soir d'Orage. Seulement aveuglé par le début de la maladie et sa propre tristesse, Feuille d'Aster n'y avait même pas prêté attention et il était sûrement temps d'en parler...

Éclaircir l'horizon du futur

Ft: Feuille d'Aster

S'il était possible de se représenter le clan des Étoiles, il semblait presque évident que plusieurs silhouettes opalescentes étaient en ce moment même penchées en direction du camp de l'Ombre. De grands yeux fantomatiques, rivés sur l'enceinte de la tanière du guérisseur. Antre peut être familier pour l'un des félins disparus, ou emprunt de souvenirs douloureux pour d'autres. Leurs souffles se feraient discrets, et leurs oreilles brillantes papillonneraient d'un matou à l'autre alors qu'ils se répondaient. Seraient-ils surpris ? Seraient-ils soulagés ? Si les chats étoilés assistaient à l'échange qui se déroulait entre Feuille d'Aster et Soir d'Orage, alors ils ne pouvaient être que fiers.

Ce dernier, suite à son ultime réplique, avait reconnu en lui-même qu'il avait peut être été trop loin dans ses mots. Bien sûr, cela partait d'une bonne attention. Il se devait, à titre de lieutenant, de ramener le guérisseur du clan à la raison. Lui démontrer que ces choix n'étaient pas à remettre en question, que sa place était bel et bien au clan de l'Ombre. Mais plus encore, à titre personnel, Soir d'Orage voulait rassurer Feuille d'Aster. Ce félin duquel il n'avait pourtant jamais été particulièrement proche. Et avec lequel il partageait pourtant bien des choses. A voir le museau roux de son camarade s'alléger, il lui sembla qu'il se devait même de se montrer plus proche de lui. Le visage du clan avait énormément changé, depuis l'épisode de Marcheur. Et finalement, le tigré n'avait plus grand monde a qui se raccrocher.

Les guerriers, les apprentis, les futurs chasseurs... Bien sûr, ils comptaient tous énormément. Mais au fond, Soir d'Orage avait besoin d'un visage qui reflétait la nostalgie d'un temps passé. Douloureux, peut être. Mais fier, et glorieux.

"Merci beaucoup Soir d'Orage.. Tout cela me touche énormément et tu as raison sur plusieurs points..."

Bien. Le vétéran espérait sincèrement que ces pauvres paroles puissent apporter du réconfort au félin haut sur pattes. Il n'en avait probablement pas conscience, mais il lui apportait de la force, par sa simple présence. Quand bien même il était lié au passé, Feuille d'Aster représentait surtout le futur. La pérennité. Le matou retourna un demi sourire en coin au ronronnement de son interlocuteur.

"J'espère que tu me pardonnes pour Aile Cynique. J'ai tout fait pour le sauver."

Les prunelles du lieutenant s'arrondirent de surprise, et son sang sembla se figer dans ses veines. Il ne s'attendait pas du tout à une telle déclaration. L'ancien mentor qu'il était céda un instant à la détresse d'avoir perdu son élève, et Soir d'Orage se détourna pour perdre son regard dans le rideau de fougères, pendant que sa longue queue touffue ondulait nerveusement. L'odeur de la fourrure du novice devenu fier guerrier s'insinua dans son museau. Il se remémora sans le vouloir la petite frimousse toute excitée de la découverte des territoires, lors de la première sortie. Les moustaches frisotées alors qu'il réveillait le félin aux premières lueurs. Les répliques acidulées qui fusaient de son museau alors qu'il s'agaçait.

« Oh, Nuage Cynique ! » échappa-t-il d'un miaulement étouffé. « Je suis convaincu que tu as tout tenté Feuille d'Aster. Jamais je ne pourrais avoir le moindre doute. » se reprit-il après s'être ébroué. Délaissant enfin le rideau de fougères, le tigré avisa de nouveau le frère de son ancien apprenti. La perte de son frère avait dû être une épreuve terrible. Quand bien même les deux félins avaient des caractères très distincts, ils partageaient le même sang. « Sa présence me manque. » souffla-t-il inutilement, sachant pertinemment qu'il en était de même pour Feuille d'Aster. « Il aurait dû pouvoir quitter ce monde en guerrier, dans la gloire de la bataille. » c'était probablement ce qui était le plus dur à avaler, pour Soir d'Orage. Il inspira doucemment, avant d'hausser les épaules et de conclure : « Je me dis qu'il veille sur ma chère Matin Pâle, là haut. Et qu'aux côtés de nos ancêtres disparus, il peut se tenir la tête haute. »

Les mots de Feuille d'Aster semblèrent toucher profondément le lieutenant qui détourna le regard, se plongeant dans ls souvenirs. Le guérisseur n'avait pas voulu le blesser ou quoique ce soit mais il lui semblait plus qu'important de parler de cela, du décès d'Aile Cynique, l'un des premiers malades du Mal Rouge.

"Oh, Nuage Cynique !"

La voix était profonde, empreinte de tristesse et étouffée. Comme s'il peinait à dire cela. Puis il se reprit quelque peu et se tourna à nouveau vers Feuille d'Aster, comme si il revenait peu à peu à la réalité.

"Je suis convaincu que tu as tout tenté Feuille d'Aster. Jamais je ne pourrais avoir le moindre doute. "

Les mots de Soir d'Orage purent rassurer quelque peu le mâle roux aux yeux verts. Il avait peut-être semblé mettre le sujet sur le tapis pour sa propre conscience mais il en était tout autre. Bien que cela lui permettait d'apaiser sa conscience, il était convaincu qu'il fallait crever l'abcès pour pouvoir vivre à nouveau normalement, construire une relation sur des bases solides.

"Sa présence me manque."

Le guérisseur baissa la tête, bien trop conscient de ce que pouvait ressentir le matou tigré car lui aussi vivait la même chose. Lui aussi aurait aimé revoir la tête de son frère passer à travers les fougères de son antre, apercevoir son sombre pelage parmi le camp, aller à nouveau aux assemblées côte à côte. Mais c'était fini. Tristement fini.

"Il aurait dû pouvoir quitter ce monde en guerrier, dans la gloire de la bataille."

Bien que Feuille d'Aster ne partageait pas le même avis puisque n'aimant pas la guerre, il était surtout d'accord avec Soir d'Orage sur le fait qu'il n'aurait jamais dû mourir aussi jeune, à cause d'une stupide maladie. Les paroles qui suivirent apportèrent une touche d'espoir cependant :

"Je me dis qu'il veille sur ma chère Matin Pâle, là haut. Et qu'aux côtés de nos ancêtres disparus, il peut se tenir la tête haute.

-J'en suis sûre. Tu sais Soir d'Orage, nous n'avons jamais pu vraiment construire une relation mais... Je pense que tu m'es bénéfique. Que tu m'aides. Tout ce que tu incarnais et représentais pour Aile Cynique je le ressens. Tu es celui qui peut me comprendre, qui partage avec moi ce deuil, des responsabilités plus qu'importante. Je pense que... Sincèrement tu es mon repère."

Feuille d'Aster ne savait pas trop quoi dire d'autre il avait juste.. Exprimer tout haut ce qu'il pensait tout bas, pour le meilleur l'espérait-il.

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