Il faut parfois apprendre à la boucler || ft. Foudre

Arrogance

Foudre & Nuage de Braise

Il faut parfois apprendre à la boucler

J'ouvre un œil puis le deuxième en sentant le froid me mordre le dos. Quand je réalise que le soleil est couché, je comprends qu'il faut que je parte pour une patrouille de nuit. Mon mentor m'interpelle toujours à l'entrée de l'antre des novices et je baille à m'en décrocher la mâchoire, de mauvais poil. Les patrouilles de nuit sont vraiment les pires. On est jamais complètement réveillé, on a qu'une envie, c'est de retourner se pelotonner contre les autres. Enfin, faut-il encore qu'il y ait des chats avec qui j'ai envie de me pelotonner. Disons que je suis plutôt le genre solitaire et hautain, le genre d'apprenti qu'on a envie de remettre à sa place mais je m'en fous. Je suis comme ça, que ça plaise ou non, fin de l'histoire.

Après quelques minutes passées couché, je me relève et me dégourdis les pattes en m'ébrouant, rejoignant ainsi le reste de la patrouille qui semblait m'attendre. Ils me réprimandent  mais comme d'habitude, je m'en fiche pas mal et me contente d'hausser les épaules. Le plus important c'est que je sois là, non ? Alors pourquoi ils me gueulent dessus ? Je ne comprendrai jamais la logique des guerriers envers les apprentis. Et sur cette pensée, je m'engouffre derrière mes camarades pour parcourir nos terres, le museau au vent. L'air est frais et la forêt demeure silencieuse. C'est le seul côté positif qu'on peut trouver à ce territoire flippant : la nuit il est apaisant et silencieux. Du moins, c'est ce que je pense, allez savoir ce que pense un couard du Clan du Vent ou encore un idiot du Clan de la Rivière.

Au bout d'une trentaine de minutes, nous déballons sur notre principal territoire de chasse : l'Arbre Mort. C'est un grand arbre qui se débarque bien plus que ceux du reste de nos terres puisqu'il est entièrement brûlé. Il est mort quoi. Certains des anciens m'avaient raconté qu'il avait été foudroyé mais je n'y crois pas. Quel coup de tonnerre est suffisamment puissant pour carboniser un arbre aussi imposant ? Aucun depuis que je suis né.

- Nuage de Braise, tu sens quelque chose ?

Ma tête se tourne vers l'un des guerriers de la patrouille qui tente probablement de m'évaluer quant à mon flair. Je lève donc le museau et inspire un grand coup. Une odeur agréable de souris se dégage dans les environs et j'hoche simplement la tête, devinant évidemment que ce guerrier me demande indirectement d'aller la chasser. Après tout, ce sont les apprentis qui font le sale boulot ici. Je fais donc volte-face et je m'engouffre plus profondément dans les bois, zigzaguant entre chaque arbre en évitant minutieusement de faire craquer une quelconque brindille. Ce serait vraiment dommage de revenir bredouille. Ce serait la honte. Du haut de mes neuf lunes, j'étais censé savoir chasser seul maintenant, et j'allais le prouver, là tout de suite. Je m'avance donc lentement jusqu'à repérer ma proie, un petit mulot. Bon il est maigrichon, mais ça reste de la nourriture et chaque proie compte pour le Clan de l'Ombre, qui a toujours du mal à nourrir tout le monde équitablement lors de la Saison des Neiges.

Le mulot se trouve à seulement quelques queues de moi et je déglutis difficilement, bandant mes muscles en attendant le moment opportun, sauf qu'un chat que je n'ai jamais vu déboule de nul part et s'écrase lourdement sur le rongeur qui lance un cri de détresse. Mon cœur loupe un battement quand je le vois briser sa nuque d'un coup de croc. Ce n'est pas l'un des nôtres, je ne reconnais pas son odeur. Ce n'est pas non plus celle du Clan du Tonnerre, ni celle de la Rivière ou même du Vent. Mes griffes martèlent le sol meuble de la forêt alors que je sers la mâchoire. Je vais lui arracher les poils à ce solitaire qui sort de je-ne-sais-où !

- Hé toi.

Ma voix se fait glaciale et je sors de ma cachette pour m'avancer avec fierté comme l'aurait fait un guerrier, sûr de moi. Un solitaire ne pourra jamais battre un chat de Clan, pas même un apprenti. Je le sais puisque c'est ce que ma mère me disait toujours dans la pouponnière.

- Tu es sur le territoire du Clan de l'Ombre. Dégage tout de suite avant que je t'arrache les oreilles.

Mes yeux ambrés lancent des éclairs, mes poils se hérissent et je reste aux aguets. Je ne me ferai pas avoir par un solitaire. C'est le moment ou jamais de montrer que je peux être le meilleur de tous les apprentis et de vérifier que mon apprentissage est efficace ou non, mais je n'ai aucun doute sur la réponse. Ce solitaire va passer un sale quart d'heure.

Prétention

Foudre & Nuage de Braise

Il faut parfois apprendre à la boucler

Le matou qui me fait face me toise de ses ambres. Il semble ne pas me craindre du tout et s'amuse même en rétorquant avec un certain sarcasme qui me fait virer au rouge :

- Oh… c'est bien dommage, chaton… je comptais rester encore un peu… pourquoi ? Tu comptais me divertir ? Je crains que tu es très loin d'en avoir la carrure!

Aïe touché. Ce félin sait ou attaquer et j'ai du mal à déglutir. Pour qui se prend-t-il au juste ? Pour le roi de la forêt ? J'ai rarement vu un chat au cours de ma petite vie suffisamment arrogant pour me tenir tête de la sorte. Certes je ne suis pas bien grand mais il ne faut pas sous-estimer la rapidité et l'agilité d'un chat de clan. Ma queue commence à battre l'air d'énervement et un petit rictus prend forme sur mes lèvres, le foudroyant du regard.

- Je te trouve bien confiant pour un vulgaire solitaire.

Je m'approche de lui, les oreilles en arrière, grognant simplement, faisant quelques pas avec prudence pour lui tourner autour. Il voulait jouer à celui qui serait le plus arrogant ? Très bien alors moi aussi je me mettrais à jouer avec lui et seulement après, je lui arracherais les oreilles. Je me penche donc prudemment tout en lui tournant autour, reniflant sa fourrure avec précaution et j'y retrouve l'odeur de plusieurs clans, mais surtout celles de la Rivière et du mien. J'en déduis donc que c'est un habitué en temps que fauteur de trouble et qu'il est hors de question que je le laisse piétiner nos frontières sans broncher.

- Dis moi solitaire, je peux savoir ce que tu fabriques sur nos terres ? Il faut être stupide pour s'aventurer sur le territoire du Clan le plus valeureux et puissant.

Je termine de lui tourner autour pour finalement m'asseoir face à lui, la queue enroulée autour de mes pattes, les pupilles réduites à deux fentes, au cas où. Au moindre faux pas, je lui tranche la gorge.

- Serais-tu une cervelle de souris au point de te jeter dans la gueule du loup ?

Je n'ai pas peur de ce chat. De toute façon, je sais qu'en cas de problème, la patrouille n'est pas loin et qu'il me suffit de miauler suffisamment fort pour me faire entendre.

Espion

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Le solitaire qui me fait face ne semble pas le moindre du monde perturbé par mes mots et se met même à pouffer de rire. Il me prend vraiment pour un chaton et ça a bien le don de m'agacer. Certes je ne suis pas bien grand mais j'estime ne plus avoir de poils duveteux ou encore cet air innocent et niais que chaque chaton a avant de sortir de la pouponnière. La voix du félin au pelage aussi sombre que le mien m'interpelle alors, me sortant de mes pensées profondes.

- Puissant, je ne sais pas… j'ai appris pour la mort de votre lieutenant, est-ce donc le mal rouge qui l'a emporté ? Ce n'est pas une preuve de force que de voir un supérieur hiérarchique périr si bêtement…

Mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines, mes pupilles se rétractent un faible instant et je déglutis difficilement, avant de battre la queue dans l'air nerveusement mais aussi furieusement. Comment peut-il être au courant de ce genre d'informations que seuls les membres du Clan de l'Ombre connaissent ? Même les autres Clans n'étaient pas susceptibles de le savoir puisque aucune assemblée ne s'était déroulée au cours des dernières semaines. Puis, je reporte mon attention sur l'odeur du matou. Elle porte celle du Clan de l'Ombre. Aurions-nous un traître parmi nous ? Cette idée me provoque un frisson de dégoût mais je reste bien en place, tête haute, rétorquant d'une voix sèche :

- Qui t'a dit ça ? Ce ne sont pas des informations qui circulent au point qu'un chat insignifiant comme toi ne l'apprenne.

Une pointe d'ironie se fait entendre dans ma voix. Il est hors de question que je me laisse marcher sur les pattes comme un vulgaire soumis. Je suis un apprenti du Clan de l'Ombre, j'ai autant ma place dans cette forêt que les autres chats claniques. En revanche ce solitaire lui, ne devrait pas se trouver ici.

- Et puis… je ne suis pas fou. Juste un simple solitaire qui suit la volonté des cieux, un chemin bien plus complexe que ton petit cerveau de chaton ne puisse comprendre. Et comme tu as dû sans doute le remarquer, je porte l'odeur des clans, je sais donc parfaitement venir à bout de n'importe qui alors… un demi-chat tel que toi, tout juste sorti du confort de la pouponnière tandis qu'entre temps, moi, j'ai pu commettre les crimes les plus odieux… ce serait avec une réelle facilité que j'aurais à te donner… une bonne correction. Mais la bonne nouvelle pour toi c'est que ça fera partie de ton apprentissage, que de se prendre une véritable raclé de temps à autre!

Je suis à peine ce qu'il me dit. Jamais je n'ai croisé de félin aussi prétentieux et confiant auparavant et je me demande même si celui-là n'a pas tout simplement un pet au casque. A d'autres le coup du chat qui domine la forêt à lui tout seul ! Me prend-t-il sincèrement pour un chaton tout juste sorti de la pouponnière au point de me raconter une histoire à dormir debout ? J'émets alors un bâillement avant de répondre d'un air las :

- J'en ai rien à faire de ta vie, si tu crois m'intimider avec tes belles paroles, tu te trompes. J'ai peut-être l'allure d'un chaton selon toi, mais je n'ai pas la cervelle d'un rongeur. Tu veux jouer le mépris et l'intimidation ? Soit mais j'ai d'autres choses à faire que de perdre mon temps avec un chat qui se croit supérieur aux Clans. Alors contente toi de me dire qui est ce félin qui t'a donné ces informations et après dégage. Je ne me répéterai pas.

Ma patience a des limites et je commence à sentir l'énervement monter de nouveau.

Combat

Foudre & Nuage de Braise

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Ce mystérieux chat à la fourrure semblable à la mienne ronronne. Il ronronne, me couve d'un regard attendri et je décèle en lui une arrogance inégalable. Je grogne une instant, énervé mais surtout frustré car ce dernier n'a pas l'air de vouloir se plier sous mes ordres. Par ailleurs, le félin s'approche de moi sans la moindre méfiance, comme si je n'étais que l'un de ces petits roquets qui ne font qu'aboyer.

- très bien, si m'affronter semble te mettre dans tous tes états et bien, attaque moi donc... je suis sûr que les cicatrices de guerres sont très à la mode pour les chatons effronté tel que toi!

Là, je me rebique, mes poils se hérissent et je grogne, le foudroyant du regard. Encore un mot de travers et je l'égorge.

- pour le chat qui m'a revélé cela, m’a foi, je ne peux dire son identité, retiens juste, petit, qu'un clan n'est pas aussi soudé et loyal qu'il veut le faire croire.

Je me calme un instant, mes poils retombant peu à peu sur mon échine cependant je reste sur mes gardes, les oreilles rabattues sur les côtés. Comment ça il ne peut pas révéler son identité ? Ses paroles me troublent et je me concentre en essayant de renifler de là où je suis, l'odeur de mon clan. Avec un peu de chance je pourrais peut-être retrouver l'odeur du félin que je connais sur sa fourrure, mais rien, seulement des recherches vaines et de la frustration accumulée.

- Qu'est-ce que tu en sais ? Tu n'es qu'un vulgaire matou à la recherche d'un divertissement. Je n'écouterai plus un seul mot qui sortira de ce qui te sert de gueule.

Mon ton est glacial, je cherche à l'intimider une dernière fois, les griffes à demi-sorties, bien décidé à ne pas céder. Ici, c'est mon territoire, pas le sien. J'ai tous les droits sur lui et Douces Oreilles sera bien fière si je lui raconte que j'ai terrassé un solitaire. Alors, je bande mes muscles et bondis sur le chat noir, lançant des éclairs avec mes ambres, cherchant à m'agripper sur ce dernier pour le renverser, loin de me douter que ce félin est bien plus fort et terrassant que moi.

- C'est quoi ton nom, solitaire ? Que je sache comment tu t'appelles avant que je ne te tue.

Je le fixe fièrement, content d'avoir pu exercer en situation réelle ce que mon mentor m'avait appris lors de l'entraînement. De plus, de mon côté, j'ai du soutien qu'il n'a pas : un clan et le Clan des Etoiles en personne. Pour moi, c'est sûr, la victoire est mienne.

Combat

Foudre & Nuage de Braise

Il faut parfois apprendre à la boucler

Je pense avoir le dessus, je souris bêtement, triomphant et fanfaronnant comme l'aurait fait un chaton fraîchement sorti de la pouponnière. Douces Oreilles m'aurait dit de me méfier de ce chat, mais elle n'est pas là pour m'assister alors je décide et j'agis délibérément seul, ce qui me vaut une grosse surprise. En un rien de temps, le solitaire me repousse à l'aide de ses pattes puissantes et bientôt, je sens son poids s'écraser sur mon pauvre petit corps tandis que ses crocs plongent dans ma chair, ce qui me vaut un feulement. Le sang jaillit et je le vois perler alors que mes pattes arrières labourent son ventre pour me libérer de son emprise : en vain. Je suis pris au piège et ce chat au pelage ébène y trouve un certain plaisir. Quel sadique.

- Je me nomme Foudre, successeur du vénéré Hati, réincarnation de l’effroyable Satan, j’idolâtre les Enfers et méprise le Paradis ! Tu ne peux pas gagner face à un démon ! Je vais te plonger dans le plus effroyable des cauchemars jusqu’à ce que tu me supplies de t’achever, c’est ce que Satan voudrait que je fasse de toi… et je suis d’accord ! Parfaitement d’accord, haha !

Ses griffes sont bien agrippées dans ma peau et je gémis un instant sans pour autant prendre une mine apeurée. Si jamais j'arrive à me défaire de son emprise, je lui arrache les oreilles et pas que. Ses paroles sont complètement insensées, ce chat a totalement perdu la tête. C'est la seule chose qui m'horrifie : sa folie. De quoi parle-t-il ? Hati ? Satan ? Qui sont ces chats ? Des amis imaginaires ? Probablement puisque le dénommé Foudre semble bien assez atteint pour pouvoir s'inventer des camarades. Je secoue ensuite la tête pour me ramener à la réalité, tandis que le matou qui m'écrase reprend ses esprits (plus ou moins) en miaulant :

- Hmm, c’est quoi le mieux… que je te crève les deux yeux avec des aiguilles de sapin… Ou bien je pourrais commencer par t’arracher la queue… ou les griffes ? Ou te laisser estropier sur une route à la merci des géants cuirassés… ou devant la tanière d’un blaireau ? Tant d’idées, tant de possibilités, je ne sais que choisir !

Là, j'écarquille les yeux, gueule entrouverte, le souffle court. Ce Foudre est complètement taré ! Je suis un apprenti du Clan de l'Ombre et mon Clan est réputé pour être celui le plus dur, sans pitié et pourtant, personne, aucun de nos guerriers n'avait jamais eu l'idée de torturer un chat. Jamais.
Il faut que je trouve un moyen de m'extirper de là avant que je ne finisse trop mal en point, cependant Foudre me coupe de toute réflexion en reprenant :

- Hu ? Avant que je ne décide de ton sort, pourrais-tu me donner le nom de ton mentor, s’il te plait ? D’ailleurs je le plains, tu dois être insupportable… c’est peut-être pour ça que tu te bats comme un chaton à peine sorti de la pouponnière… parce que tu n’écoute.

Je crois déceler une once de curiosité dans son regard, malgré la folie qui s'en dégage alors, je profite de ce moment de doute pour m'extirper de ses griffes non sans difficultés et blessures, cependant j'y parviens, en le repoussant suffisamment avec mes pattes avant tandis que mes postérieurs poussent de toute leur force pour me dégager de là. Finalement je me relève en vitesse, prenant un minimum de distance avec le solitaire pour reprendre mon souffle, le cœur tambourinant dans ma cage thoracique. Les oreilles rabattues, je le toise, des éclairs dans les yeux. Un seul faux pas, et je prends la fuite. J'ai bien compris, que je ne ferai pas le poids contre lui.

- Pourquoi je te le dirais à toi, misérable solitaire ? Tu es encore plus fou que n'importe quel ancien ayant perdu la tête.

Même ceux du Clan, semblent plus sobres que cet étrange félin. Cependant, la question qu'il me pose, m'intrigue. Alors, je gonfle le poitrail et reprends tête haute.

- Peut-être que si tu me dis tes intentions, je te dévoilerai le nom de mon mentor.

Une info pour une info. En temps normal j'aurais dit non, mais là, que peut-il tirer d'une si maigre information qu'est un prénom ? Normalement, rien. Je suis gagnant dans tous les cas.

Réflexion

Foudre & Nuage de Braise

Il faut parfois apprendre à la boucler

Foudre riait de la situation. Un sourire ornait son visage de vicieux et il semblait prendre un certain plaisir à sentir le sang du novice noir dégouliner le long de son menton, s'égouttant petit à petit sur le sol de la forêt. Nuage de Braise serrait la mâchoire, méfiant. Il avait très bien compris que le félin qui lui faisait face n'était pas juste un chat errant insouciant qui ne demandait qu'à se faire botter le derrière par des claniques. Ce dernier agitait la queue dans l'air, cet air fourbe ne quittant en aucun cas ses traits tandis qu'il prit la parole de nouveau, faisant mine d'afficher ensuite une moue déçue.

- Et bien. Me voilà déçu, je pensais que tu comptais me tuer ? Tu as perdu ton cran, chaton ? Penses-tu vraiment être en position de me donner des ordres alors qu'un espion de ton propre clan est capable de me donner n'importe quelle information.

Nuage de Braise frémit un court instant. En aucun cas il n'avait envisagé de tuer Foudre, il souhaitait simplement le faire déguerpir de ses précieuses terres. Il n'était pas un tueur contrairement à lui, il ne prenait aucun plaisir à achever un chat. Foudre se mit ensuite à lécher le liquide poisseux sur sa fourrure, ce qui fit de nouveau frissonner l'apprenti de l'Ombre, faisant hérisser ses poils par la même occasion, griffes sorties. Il ne comptait pas l'attaquer, à vrai dire là, le solitaire l'effrayait plus qu'autre chose et il s'en méfiait autant que le Mal Rouge qui décimait les quatre Clans.

- C'est bien triste ça... les clans ne sont qu'un ramassis de malade et de traitres et ils envoient des chatons inutiles au combat...

Le plus jeune grogna un peu et il rabattit ses oreilles en arrière. De quel droit se permettait-il de l'insulter ainsi ? Foudre ne représentait rien aux yeux des félins claniques : il n'était qu'un pauvre solitaire ayant perdu la tête sûrement à force de trop renifler de l'herbe à chat, parmi tant d'autres.

Nuage de Braise regretta ensuite de s'être autant déconcentré car bientôt, il sentit les griffes du félin de jais lui égratigner la joue, ce qui lui valut un sursaut. Ce n'était pas le moment de réfléchir, il devait rester concentré sur Foudre, il en valait de sa survie, s'il ne voulait pas rentrer au camp handicapé ou pire même, ne jamais pouvoir rentrer cu l'état mental du matou face à lui. Ce dernier lui tourna autour, comme il l'aurait fait avec une proie. Nuage de Braise était sa proie. Il était pris au piège et ke solitaire se doutait certainement que si l'apprenti au pelage ébène ne faisait pas le poids, il battrait retraite. Il se remit alors à ricaner d'une manière à glacer le sang, lui faisant face. Nuage de Braise pouvait voir ses yeux briller de soif de sang et de combat. Ce chat était réellement dangereux, il le sentait rien que dans son regard.

- Mes intentions ? M'amuser, voyons ! Nous n'avons qu'une seule vie! Hati me l'a dit! "Profite Satan, profite!" Ce monde est souillé de toute façon, il n'y a plus rien à sauver, bienvenue en Enfer, petit! Maintenant je vais te donner une petite leçon de vie, ça s'appelle "ravaler sa fierté" et pour cela tu vas me dire deux choses sauf si tu veux devenir un fardeau pour ton clan et finir avec deux pattes cassées. Première chose, donne-moi le nom de ton mentor. Deuxième chose… dis-moi haut et fort que tu ne fais pas le poids face à moi!

Le petit félin eut du mal à déglutir, figé sur place. Il n'oscillait pas, silencieux et sage, réfléchissant à une issue de secours. Il n'avait que faire de son petit jeu et dernier commençait sérieusement à l'agacer. Alors, il grogna, se mit sur la défensive et recula de quelques pas, simple périmètre de sécurité, au cas où.

- Tu n'es personne pour me donner de leçon, chat errant. Je ne m'avouerai jamais vaincu, ce n'est pas ma façon de faire.

Un sourire insolent se dessina ensuite sur son visage, le regard malicieux, brillant d'un étrange éclat. Il n'était pas sûr d'emprunter la bonne voie mais tant pis, il n'avait pas d'autre idée. Il lui répondrait encore un peu puis il fuirait probablement dès qu'une ouverture se déclarerait.

- Si tu me casses deux pattes, ce n'est pas seulement Douces Oreilles que tu auras à dos, mais tout le Clan de l'Ombre.

Sa voix était remplie d'arrogance et d'assurance. Il savait que le Clan le soutiendrait quoi qu'il adviendrait, de même pour son mentor, bien qu'elle le sermonne souvent pour son comportement immature, il savait au fond qu'elle l'appréciait malgré tout, et c'était réciproque.

- D'ailleurs ma patrouille ne doit pas être très loin. Si tu veux mon avis, tu devrais déguerpir au plus vite avant qu'ils ne te tombent dessus.

Il gonfla son poitrail avec fierté puis il recula de nouveau de quelques pas, optant progressivement et le plus discrètement possible pour s'échapper des griffes de ce solitaire plus que flippant.

Réflexion

Foudre & Nuage de Braise

Il faut parfois apprendre à la boucler

Au début, Nuage de Braise pensait que ses mots freineraient un peu le solitaire psychopathe mais il se fourrait la griffe dans l'œil. Foudre ne paraissait pas le moins du monde affecté par ses menaces et il lui avait même ri au museau, une lueur étrange brillant dans son regard d'ambre. Le matou plus âgé s'approcha de son cadet alors que ce dernier hérissait son poil par prévention, mais il ne le toucha pas, figé dans le sol alors que le souffle chaud du solitaire effleurait son oreille, lui provoquant un drôle de frisson.

- Mais oui… appelle les donc qu'ils voient comme leur jeune recru sont finalement si faibles et incapable de venir à bout d'un simple "chat errant". Je me délecte déjà de leur visage choqué.

Là, Nuage de Braise planta ses griffes dans la terre meuble. Il avait horreur de se faire rabaisser, il avait horreur qu'on débatte sur sa taille ou son rang de larbin. En effet, le petit chat noir avait en conséquence développé un complexe d'infériorité, faisant ainsi naître un félin arrogant et prétentieux, mais ça, il n'y pouvait rien, c'était la faute des autres et il en était persuadé.
Alors, à sa provocation, le novice se contenta de planter ses griffes dans la terre meuble de la forêt marécageuse. Il fallait absolument que Nuage de Braise trouve une issue à cette situation, il fallait qu'il s'enfuie. L'apprenti bandit ses muscles et s'apprêta jusqu'à entendre un ronron amusé sortir de la gorge du fou. Le félin noir fit volte-face pour le dévisager et ce dernier revint à la charge avec des menaces qui le firent frémir.

- Si je te tue et déverse ton sang dans les marais que je renommerais… "le marais de la défaite d'un apprenti inutile" cela m'étonnerait qu'un chat de clan puisse soupçonner un simple solitaire tel que moi… Je pourrais très bien laisser ton corps proche du chemin du tonnerre pour que ton clan accuse le clan du tonnerre… et hop, vous vous détruisez entre vous, le spectacle serait incroyable...

Ca faisait bien trop d'un coup. Il s'était fait insulter, lui et son Clan, par un vulgaire solitaire qu'il ne connaissait ni du Clan des Etoiles, ni des vivants. Les oreilles du novices se rabattirent et il grogna une nouvelle fois sur ses gardes. Il devrait être prudent.

- C'est quoi ton problème espèce de taré ?! Pourquoi tu t'en prends aux Clans ?! Qu'est-ce qu'ils t'ont fait pour que tu veuilles à ce point les détruire ?!

L'apprenti avait du mal à déglutir et il sentait son cœur battre terriblement fort contre sa cage thoracique. Il avait peur. Peur d'y laisser sa vie, mais jamais il ne se laisserait faire. Il était prêt à tout pour son Clan.

- Amène toi cœur de renard. Je vais te réduire en chair à corbeau.

Nuage de Braise n'était pas stupide, il savait quels risques il courrait et il se disait toujours qu'au pire, il pourrait fuir mais ce félin là, Foudre, lui avait manqué trop de respect, à lui et à ses camarades et il ne devait pas se défiler dès qu'un chat serait plus imposant que lui. Tant qu'il ne fonçait pas tête baissée dans le tas, tout irait bien.